57 rue de Famars
Photos Jean Patrick Leroy
Texte de Jean Paul BOULENGER
Certes, l’ « art nouveau » succomba parfois à des excès, qui le firent qualifier de « style nouille » par les tenants de la mode tout opposée des formes carrées et des volumes austères, contemporains de la rigueur géométrique de la peinture cubiste. Au contraire, les lignes de la grand’ porte du 57 rue de Famars restent sobres : la symétrie des deux vantaux et le décor tout en lignes droites, un peu sèches, des panneaux du bas, assurent à l’ensemble un équilibre tout classique, associé cependant à une subtile modulation des deux montants d’encadrement posés sur un socle, dont les moulures simples contrastent aves les volutes végétales qui les surmontent.
Au dessus de cette porte d’un « art nouveau » ainsi modéré, un panneau convexe horizontal sacrifie plus franchement à la nouvelle mode décorative, avec ses lianes capricieusement enroulées et déroulées, mais déployées sur une surface lisse. Quant à la poignée de manœuvre du cordon de sonnette, en forme de heurtoir, et à la plaque de métal d’où elle sort, elles semblent bien la création d’un artisan forgeron qui invente à sa guise son propre vocabulaire décoratif : juxtaposition savoureuse d’un produit d’art populaire et d’une esthétique relevant d’une mode européenne ? (1) Comme en témoigne la profusion d’ornements dans les étages du numéro 46 de la même rue de Famars.
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