Retour sur la marche de la dernière chance
Compte rendu de Daniel Carlier du 13 octobre 2024 : va-infos
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Texte d’Alain Cybertowicz lu lors de la marche de la dernière chance 12 octobre 2024
Merci d’être venus nombreux pour cette marche de la dernière chance, à l’initiative de Jean-Jacques Fleury et Quentin Omont.
L’Assemblée Générale du Comité de Sauvegarde du Patrimoine Valenciennois aura lieu samedi prochain 19 octobre, et le bulletin annuel édité pour l’occasion porte en première page le texte que j’ai écrit « L’église Saint Michel et la briqueterie Chimot, des destins parallèles ». Toutes les briques de l’église Saint Michel viennent de la briqueterie Chimot, et le four Hoffman a été installé début XXe pour les fabriquer…
Le Comité a participé au sauvetage de l’Auberge du Bon Fermier, de la Maison espagnole, du site de la citadelle, des gisants du musée et il restaure une maison de tisserands du XVIe siècle 94 rue de Paris. Nous ne sommes pas un parti d’opposition, nous ne sommes pas contre les projets (extension du golf, grand Cavin…), nous sommes des lanceurs d’alerte pour sauver le patrimoine qui le mérite. La destruction du four Hoffmann est imminente et nous devons réagir, d’autant plus que les propriétaires ne savent pas quoi faire du site…
Pourtant :
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La DRAC a accepté d’ouvrir un dossier de protection
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La mission Bern restaure un four similaire dans la Marne
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L’école d’architecture de Lille propose de demander un projet de réhabilitation du four aux élèves de deuxième année
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La pétition lancée par Jean-Jacques Fleury a déjà reçu 15 000 signatures…
Personnellement, voici mon ressenti par rapport aux briques :
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Mes deux grands pères étaient des mineurs de fond (Édouard Douay à Lourches et Jean Cybertowicz à Escaudain), je suis né dans le « coron des vaches » et toute ma jeunesse j’ai vu de la fenêtre de ma chambre une cité minière en briques
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Plus tard ,j’ai fait mes études de maths techniques au lycée Villars à Valenciennes. Je prenais le tramway à 6h55 au terminus de l’éclaireur et sur le trajet vers Valenciennes : Louches, Denain, Wavrechain, la Sentinelle, je ne voyais que des briques
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j’ai enseigné 40 ans au lycée Watteau, magnifique établissement en briques construit en 1906 sur les plans de l’architecte Paul Dusart
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Quand je suis entré au Comité, Jérôme Guilleminot essayait de sauvegarder le site de la citadelle avec les bastions de Vauban (XVIIe siècle) composés de millions de briques. Son article dans la revue Valentiana a permis l’inscription du site aux Monuments Historiques
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Plus récemment, en remontant dans le nord nous prenons régulièrement notre petite fille Anthéa qui habite Bourg en Bresse. Elle est très jeune, la route lui semble très longue, mais elle observe le paysage et son point de repère est : « Papy, Mamie, je pense que nous arrivons car je vois des maisons en briques ! »
La brique, c’est une signature du valenciennois, c’est du Patrimoine ! Elle est partout et la dernière fabrique de briques (il y en avait 17 sur le valenciennois) est un symbole, elle doit être conservée !
Le Comité demande au propriétaire de conserver le four Hoffmann en attendant un projet de valorisation, surtout que sa destruction n’est pas nécessaire puisqu’il n’y a aucun projet pour le remplacer… !
Texte lu par Jean-Jacques Fleury, secrétaire adjoint du Comité de sauvegarde du Patrimoine Valenciennois
Bonjour et un grand merci d’être ici.
Lorsque j’appris fin septembre 2023 la fermeture de la briqueterie, jamais je ne me serai imaginé être ici un an après. C’était sans compter l’acharnement de Valenciennes-Métropole contre cette usine pourtant labellisée « Entreprise du Patrimoine Vivant » depuis 2014.
Tout d’abord en ne renouvellement pas le bail, ce qui a contraint la dernière des 17 briqueteries du Valenciennois à fermer fin 2023 avant son transfert le 28 février 2024 à l’agglomération. Ce qui du coup entraîna la suppression de 22 emplois.
Puis en déposant en catimini une demande de démolition totale le 16 mai 2024, délivré en 18 jours chrono par la mairie de Marly le 3 juin.
Et enfin en ne répondant à aucune de nos sollicitations (appel téléphoniques, mails, courriers, articles, pétition), preuve d’un mépris vis-à-vis de sa population.
Le Comité de Sauvegarde ému de cette situation avait déposé une demande de classement de la briqueterie dès le 31 octobre 2023. Il aura fallu 234 jours à la DRAC pour nous répondre que le dossier allait être instruit avant de tout stopper à cause de la délivrance du permis de démolir.
Ainsi quelques personnes décidèrent en secret d’éliminer un élément majeur du patrimoine industriel valenciennois. Le four Hoffmann avait été inauguré en 1904 pour fournir les briques de l’église Saint-Michel, dont le sort risque de suivre celui de la briqueterie. Il fonctionna pendant 119 ans. La cuisson lente des briques leur donnait leur signature Chimot, reconnaissable par les gens du métier.
Non, messieurs les décideurs de Valenciennes-Métropole, le four Hoffmann n’est pas un tas de briques sans intérêt.
Si cela avait été le cas :
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Il n’y aurait pas eu 15.000 personnes pour signer la pétition.
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La DRAC n’aurait pas émis un avis favorable pour l’instruction du dossier.
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L’école d’architecture de Villeneuve d’Ascq n’envisagerait pas d’inscrire la réhabilitation du four au programme des deuxièmes années.
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La Mission Bern ne participerait pas à la subvention de 600.000 € pour rénover un four similaire en ruine dans la Marne.
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Nous ne serions pas ici tous ensemble pour sauver la briqueterie Chimot !
Merci
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Article de Daniel Carlier du 13 octobre 2024