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2024 Numèro 26

NOTRE PATRIMOINE

BULLETIN DU COMITE DE SAUVEGARDE DU PATRIMOINE VALENCIENNOIS

N°26 Automne 2024

Le mot du président

L’église Saint-Michel et la briqueterie Chimot, des destins parallèles

Créés pratiquement en même temps vers 1900, ces deux éléments très forts du patrimoine valenciennois sont en grand péril et risquent de disparaître…

La pose de la première pierre de l’église Saint-Michel se fait le 26 juillet 1900. Paul Dusart architecte de la ville de Valenciennes la construit à partir des plans d’Émile Dutouquet ; la bénédiction et l’ouverture ont lieu le 28 mai 1905. C’est une église diocésaine et les travaux sont souvent interrompus faute de financement, mais aboutissent grâce à l’opiniâtreté de l’abbé Dubrunfaut. De style néo-renaissance flamande, elle se distingue par son clocher en forme de bulbe édifié en 1935.

La briqueterie Chimot débute sa production fin XIXe avec un four à ciel ouvert, or la construction de l’église Saint-Michel demande une très grande quantité de briques...La famille Chimot recevant la commande décide alors d’installer un four Hoffmann pour satisfaire cette commande, il est à cuisson lente en continu ce qui permet une grande richesse de nuances ; l’argile nécessaire à la fabrication est extraite à proximité et tout un réseau de chemin de fer à voies étroites est créé pour le transport des matériaux.

En 1985, la briqueterie a failli déposer le bilan. La famille Chimot cède alors l’entreprise à Monsieur Goethals. La reprise est difficile mais réussie, les briques se vendent bien dans le nord de la France et en Belgique. En 2014, la briqueterie est labellisée « Entreprise du patrimoine vivant ».

En 2020, la famille Chimot, propriétaire du terrain sur lequel se trouve la briqueterie décide de vendre le terrain. C’est la période « COVID », Monsieur Goethals doit arrêter la production et mettre ses employés au chômage partiel ; il demande un prêt à l’état pour que l’entreprise survive, puis un prêt aux banques pour acheter le terrain...Ce dernier est refusé...C’est Valenciennes Métropole qui fait l’acquisition du terrain dans la cadre du projet du « Grand Cavin ». L’entreprise reprend alors son activité après la crise : 3,5 millions de briques par an avec 22 employés. Mais le bail se termine le 28 février 2024 et Valenciennes Métropole décide de ne pas le renouveler. Le four s’éteint à la veille de Noël 2023, les ouvriers sont licenciés et les lieux sont ensuite entièrement vidés avant leur transfert à Valenciennes-Métropole sous peine de pénalités. Jean-Jacques Fleury, secrétaire adjoint du Comité, très sensible au réseau ferroviaire et à l’avenir du four permet la sauvegarde de l’ensemble du matériel ferroviaire par le musée du chemin de fer à voie étroite à Froissy (80). Le Comité propose alors d’en faire un musée et demande une protection à la DRAC. Le 15 février 2024, la DRAC émet un avis favorable à l’instruction d’un dossier de classement. De son côté Valenciennes-Métropole dépose une demande de démolir le 16 mai 2024 et le permis est délivré en 18 jours chrono le 3 juin 2024 . Le 19 juillet 2024, la DRAC envoie un mail au Comité annonçant qu’elle a étudié la possibilité de protection mais qu’elle n’a pas l’accord du propriétaire. Le four Hoffmann n’est donc pas protégé. Le 26 juillet 2024, Jean-Jacques Fleury dépose un recours gracieux afin d’annuler l’ordre de démolition affiché. Ce recours est valable deux mois…

En 2020, une souscription est lancée pour sauver le clocher de l’église Saint-Michel, les intempéries, la corrosion, les pigeons et l’usure du temps ont eu raison de sa structure métallique. Le diocèse et une souscription permettent de faire les travaux, le clocher est sauvé ! Mais en 2022 une inspection de la charpente de la nef met en évidence la présence de la mérule pleureuse ainsi que des problèmes structurels...En 2023, un audit est réalisé et le montant des travaux d’une restauration totale s’élève à 5 millions d’euros. Plusieurs hypothèses sont étudiées, mais la préservation totale ne peut être supportée par le diocèse propriétaire de l’église...Une préservation partielle est envisagée en déconstruisant la nef, en gardant le clocher avec la construction d’un nouvel espace permettant

d’assurer le culte et de rassembler la communauté, à condition de trouver le financement nécessaire à l’entretien du clocher…

Nous sommes fin 2024, ces deux éléments très forts du patrimoine valenciennois sont en grand danger ! Pour Saint-Michel, le diocèse cherche une aide financière pour la construction annexe et l’entretien du clocher. Pour la briqueterie Chimot, il faut trouver un projet afin de conserver le four Hoffman...Espérons … !

Alain CYBERTOWICZ

Heurs et malheurs des monuments historiques valenciennois

Le sujet mériterait une étude exhaustive que le format du présent article ne permet pas. Pour autant, quelques sujets d’actualité invitent à aborder cette question.

La notion de monuments historiques apparaît en 1830 avec la création d’un inspecteur général des monuments historiques puis d’une commission des monuments historiques en 1837.

Les fondements du système actuel de protection sont issus de la loi du 31 décembre 1913 prévoyant soit une inscription à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques (ISMH) soit un classement monument historique (MH). Les demandes de protection sont adressées à la direction régionale des affaires culturelles (DRAC) qui instruit les dossiers et les soumet à une commission. Valenciennes compte à ce jour 27 monuments ISMH et 9 MH ( la liste peut être consultée sur le site internet Monumentum). L’intérêt d’une inscription ou d’un classement réside en la protection dont bénéficient l’immeuble concerné et ses abords. Il en résulte une surveillance administrative devant permettre le maintien de l’immeuble dans ses parties classées et d’éviter toute modification architecturale ou urbanistique préjudiciable.

L’étendue de cette protection varie suivant qu’il s’agit d’une inscription ou d’un classement, partiel ou total.

L’ancienneté est un critère d’appréciation parmi d’autres ( caves du XIV ème siècle 10 place d’Armes). La protection concerne les bâtiments ou sites présentant un intérêt architectural, historique ou technique. C’est ainsi que sont ISMH, le château d’eau de la Place Verte (1908), le chevalement en béton armé de la fosse Dutemple (1920), la toiture et le grand hall de l’hôtel de ville ( 1959)

Les défenseurs du patrimoine sont bien souvent à l’initiative des demandes de protection. Le Comité de Sauvegarde est notamment à l’origine de l’inscription ISMH de l’écluse des Repenties et du pont de la Citadelle, ce qui a contribué à sauver ce site de la triste situation dans laquelle il se trouvait.

Une telle demande a été déposée récemment pour la briqueterie CHIMOT dont le système original de cuisson (four Hoffmann) mérite à l’évidence considération.

L’aboutissement d’une telle demande dépend de la position adoptée par le propriétaire. En l’espèce, la briqueterie CHIMOT a été achetée par la communauté d’agglomération Valenciennes Métropole dont l’intérêt pour le patrimoine architectural n’est jusqu’à présent pas manifeste (voir l’enfouissement des vestiges de fortifications rue du Camp Romain et la destruction du pont Delsaut et des vestiges du moulin). Espérons que la réhabilitation annoncée des anciens Magasins Modernes place de la Gare nous démentira.

Les collectivités locales considèrent de manière générale la protection au titre des monuments historiques comme une charge plutôt qu’un atout.

Un exemple sidérant nous a été donné à Valenciennes avec la porte Tournaisienne rue de Lille. Cet édifice militaire de la première moitié du XIVe siècle classé le 18 février 1885 a été déclassé avec le soutien ardent du conseil municipal de l’époque, le 22 décembre 1885, puis totalement rasé l’année suivante ( ne subsistent que les deux énormes clés de voute en grès déposées dans la cour du conservatoire rue Ferrand).

Lors du démantèlement des fortifications en 1890, malgré le nombre important d’édifices remarquables, toutes les propositions de protection ont été rejetées à l’exception de la tour de la Dodenne (MH en 1904).

Plus récemment, l’immeuble 28 rue de l’Intendance inscrit en 1984 ISMH (façade et toiture) vient d’être déclassé le 14 mars 2024. Sa façade qui avait survécu à un incendie, a été abattue bien que protégée.

Autre curiosité : la liste officielle des édifices protégés mentionne toujours la façade de l’ancienne Porcelainerie 48, rue l’Intendance inscrite ISMH en 1944 mais démolie en 1956 par la commune qui en était propriétaire.

Tout récemment, la façade du musée et sa charpente métallique viennent d’être classées ce qui devrait permettre une restitution de qualité.

Quant à la maison du Prévôt, MH depuis 1923, sa restauration s’est limitée à l’extérieur (façade et toiture) ; elle attend depuis un siècle ( ! ) de la municipalité une affectation compatible avec son caractère.

La basilique Notre-Dame du Saint Cordon (ISMH 1996 ) mériterait un classement MH pour son architecture intérieure ainsi qu’un projet digne d’elle et des Valenciennois.

Il résulte de ces brèves considérations, que si l’inscription et le classement constituent une reconnaissance de qualité et d’intérêt permettant souvent d’éviter le pire, ils ne peuvent se substituer à une absence de volonté de mise en valeur et d’entretien.

Pour achever ce rapide tour d’horizon, mentionnons que les effets mobiliers peuvent également faire l’objet d’une protection par classement (boiseries, tableaux, pièces d’orfèvrerie…). Disséminés en divers endroits et aisément déplaçables, leur suivi est problématique compte tenu notamment de l’absence de récolement régulier.

Jérôme GUILLEMINOT

Le mot du secrétaire

Tout d’abord, un grand merci à nos adhérents qui sont plus nombreux d’année en année ! L’an dernier il y a eu 127 adhésions pour un montant de 5 237 € en cotisations et dons.

Cette année a été marquée par le décès de Francis Trotin, le créateur de nos cartes postales depuis le début des années 80. Passionné de dessin, Francis a réalisé des dizaines d’œuvres d’une qualité exceptionnelle représentant la plupart du temps des bâtiments ou lieux en danger et qu’il fallait préserver. Un hommage lui a été rendu par la Ville sous la forme d’une exposition de ses dessins sur les grilles du jardin des grands prix de Rome lors des dernières journées du Patrimoine, exposition visible jusqu’au 20 octobre…Pour la même occasion, nous remercions la Ville d’avoir mis à notre disposition le kiosque à musique de la place Verte afin de vendre les cartes de Francis et de présenter les actions du Comité.

La façade du 92 rue de Paris menace de s’effondrer...la rue de Paris est barrée...Le mardi 10 septembre, alors que nous étions en pleins travaux de finition du premier étage avec des matériaux et de la poussière partout dans la maison, la ville nous a demandé d’évacuer notre siège situé au 94 pour des raisons de sécurité, ce que nous avons dû faire dans l’urgence pour pouvoir présenter nos actions sur la place Verte dimanche...Puis le vendredi 20, dans la journée, la Ville nous dit que finalement, il n’y a aucun danger et que nous pouvons ouvrir...alors que tout était sens dessus dessous et que la maison était en état de chantier...Il était trop tard pour tout remettre en ordre et nous n’avons pu proposer comme les années précédentes des visites commentées de notre maison scaldienne, ce qui est bien dommage car le premier étage était présentable en entier grâce à Marie-Claude, Claude et Grégory qui ont passé plusieurs jours à refaire les joints à la chaux…Mais ce travail n’est pas perdu…

Malgré cela les journées du Patrimoine se sont bien passées pour nous : Sur le kiosque où nous avons accueilli un peu de monde l’après midi ; avec le jeu de piste créé et animé par Gérard Merlin avant tout centré sur l’hommage à Francis Trotin ; à l‘écluse des repenties où il y a toujours autant de personnes qui découvrent le site ; à la Porcelainerie qui a rencontré un vif succès grâce notamment à l’atelier dédié aux enfants qui ont pu créer, modeler et assembler leur propre objet en porcelaine qu’ils pourront récupérer après cuisson ; à l’hôtel de Carondelet où il y a toujours autant de visiteurs.

Pour ce qui est de l’évolution du patrimoine en ville, nous avons apprécié la rénovation de la façade de l’Hôtel de Ville qui a retrouvé toute sa splendeur, ainsi que la rénovation en cours à l’identique de la fondation des Chartriers, qui va donner un résultat remarquable et valoriser ce quartier. Nous avons aussi constaté quelques améliorations au Béguinage avec des signalisations aux entrées, par contre toujours pas d’espace Marguerite Porete à Valenciennes alors que Paris a inauguré une place à son nom dans le 4e arrondissement à proximité de l’endroit où elle a été brûlée vive en Place de Grève en 1310…Deux bâtiments chargés de patrimoine sont en grand danger (voir le mot du président), mais il reste encore de l’espoir de les conserver. Toujours pas d’information sur le devenir de la Maison du Prévost, ni de la Maison natale de Carpeaux ou de l’utilisation de la « Maison espagnole »...

Les conférenciers du Hainaut proposent des sujets très intéressants à exposer. Vous pouvez joindre Philippe Morel, Christine Yackx, Georges Biron ou passer par le Comité pour les contacter.

Le secrétaire Bernard BEAUFORT

La cotisation d’adhésion au Comité reste à 16 € mais vous pouvez verser davantage !

(Un reçu fiscal vous sera délivré, il vous permettra une réduction d’impôts)

L’adresse du Comité est : 94 rue de Paris 59300 Valenciennes

Le président : Alain CYBERTOWICZ 17 rue Émile Zola 59880 Saint Saulve

(06 86 71 90 02) a.cybertowicz@wanadoo.fr

Le secrétaire : Bernard BEAUFORT Le secrétaire adjoint : Jean-Jacques Fleury

Le trésorier : Christian VACHER 3 avenue d’Amsterdam 59300 Valenciennes

Le trésorier adjoint : Jean-Christophe Coiffier

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Date de création : 30/09/2024 19:00
Catégorie : Rubriques - BULLETINS
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