2022 Numéro 24

NOTRE PATRIMOINE

BULLETIN DU COMITE DE SAUVEGARDE DU PATRIMOINE VALENCIENNOIS

N°24 Automne 2022

Le mot du président

Marguerite Porete et le béguinage de Valenciennes

Que ce soit en Belgique, aux Pays Bas ou en Allemagne, les béguinages ont un statut bien particulier qui leur permet une protection et une mise en valeur qui les rendent très attractifs sur le plan touristique et en font de grands témoins de l’Histoire. La plupart sont classés à l’UNESCO. En France, seuls Cambrai et Valenciennes ont encore des traces de leur béguinage d’origine et possèdent un rang de maisons de la période XVIIe siècle qui est présentable. Celui de Valenciennes est particulièrement négligé. Les façades de ces petites maisons, si caractéristiques, sont dénaturées par des huisseries inadaptées et la disparition des petites portes voutées...Et petit à petit ce béguinage perd de son authenticité...Un peu perdu dans la rue du Béguinage, caché dans une ruelle nommée « Enclos du béguinage » dont l’entrée ne donne pas l’envie de visiter, il se fait oublier…

Et pourtant il possède une histoire très riche et il a accueilli une résidente exceptionnelle !

Son origine remonte aux XIIe et XIIIe siècles sous l’influence d’Élisabeth de Hongrie et sous la protection de la Comtesse du Hainaut. Il était au départ un hôpital puis devint une communauté autonome au service des pauvres, une ville dans la ville d’une superficie importante, encadrée par les rues actuelles Delsaux, Abel de Pujol et Comtesse. Ce béguinage a été très actif jusqu’à la Révolution.

Depuis très longtemps, nous savons que la béguine Marguerite Porete, auteur du « Miroir des âmes simples et anéanties » a vu son livre brûlé sur la Place d’Armes sur ordre de l’inquisition, mais on avait jusqu’à ce jour peu d’informations sur elle...Est-elle née à Valenciennes ? Etait-elle pauvre ou riche ? A-t-elle vécu dans le béguinage Sainte Élisabeth ?

Toutes ces questions restées sans réponse ont fait que Marguerite Porete est tombée dans l’oubli. Tout ce que l’on savait avec certitude c’est qu’elle est morte brûlée en Place de Gréve à Paris en 1310 pour avoir refait circuler son livre et être ainsi considérée comme relapse…Au XIXe siècle, Marguerite est sortie de l’oubli grâce à de nombreux chercheurs et beaucoup de thèses dans le monde entier ont relancé un grand intérêt dans la sphère philosophique sur cette première « Martyre de la liberté d’expression » et sur son texte à la croisée de l’Histoire, de la religion et de la littérature.

Une récente thèse soutenue en 2021 par la chinoise Huanan Lu nous donne maintenant beaucoup d’informations sur Marguerite, en particulier elle apporte la preuve qu’elle a vécu dans le béguinage de Valenciennes. Ces récentes découvertes confortent le sentiment du Comité de Sauvegarde du Patrimoine de Valenciennes de la nécessité de valoriser le béguinage de Valenciennes. Sylvain Piron, directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales, directeur de la thèse de Huanan Lu, sera le conférencier de notre prochaine assemblée générale le 8 octobre 2022 dans le bâtiment des Tertiales de l’Université. Nous avons hâte d’y être pour en apprendre davantage !

Alain Cybertowicz

A propos du Patrimoine de Valenciennes

De nombreux efforts ont été faits par la Ville pour valoriser le Patrimoine. Nous pouvons citer les boulevards Saly et Beauneveu où sont présentées des répliques de cinq statues du musée, la réfection de la voirie de rues anciennes, la rénovation de la Coulée Verte le long de l’Hôpital Général, la restauration de la façade Art Déco du cinéma Palace rue du Quesnoy, la restauration de la façade de l’Hôtel de Ville...

D’après des articles de presse, c’est l’Agglo qui se chargera de la réhabilitation du passage de la paix. Nous n’avons toujours pas de nouvelle sur la restauration de la basilique...

Des suggestions du Comité

Dans le cadre de la rénovation des voiries des rues anciennes, le Comité suggère de conserver les pavés anciens d’origine dans les rues Gabriel Hécart, Louis Bracq et sur la Place Verte de manière à ne pas dénaturer ces lieux chargés d’Histoire avec des pavés modernes.

Pour la valorisation du béguinage :

• Nous demandons à la Ville d’aider les propriétaires à restaurer l’entrée du béguinage.

• Ce serait bien qu’un architecte habilité donne des conseils aux propriétaires pour la restauration des façades de manière à ce que l’on retrouve une certaine unité dans la rangée de maisons. Le Comité pourrait aider un propriétaire volontaire dans les démarches architecturales et administratives.

• Essayer de faire classer cette rangée de maisons.

• Représenter sur le mur qui se trouve devant l’entrée du béguinage, un dessin ou une peinture d’un vrai béguinage ancien avec ses petites maisons, l’église, la rivière, la ferme...

• Créer un « mural » (comme disent les Américains) dans le petit square à la fin de la rue Delsaux et au début de la rue du 22 septembre. Le propriétaire du mur serait d’accord pour que l’on représente des personnages valenciennois célèbres aux emplacements des fenêtres murées, avec un dialogue, une phrase...Cette décoration permettrait aux touristes de prendre conscience de l’Histoire de Valenciennes, aux guides et aux professeurs d’avoir un support intéressant dans leur présentation…

Le Comité propose :

• Marguerite Porete : « j’ai vécu en face »

• Françoise Badar :« j’ai créé la dentelle de Valenciennes »

• Le Chancelier Rolin : « On m’a dit que Valenciennes possède un Hôtel Dieu qui fonctionne très bien...J’ai envie de faire le même à Beaune... »

Pour une redécouverte du Pont Neuf :

Le passage entre la rue d’En Bas l’Eau et la rue du Pont Neuf devant être rendu aux piétons, le Comité propose de mettre en valeur le pont en réalisant une petite excavation qui ferait apparaître une partie de la voûte. Ce serait le seul pont sur l’Escaut intra-muros qui témoignerait du passage du fleuve dans la ville…

Pour ne pas oublier la porcelainerie :

À proximité du Pont Neuf et de l’Hôpital Général, ce monument témoigne de la fabrication de la porcelaine de Valenciennes un peu avant la Révolution. La qualité de la porcelaine réalisée en ce lieu, les vestiges des fours et le bon état des caves demandent une mise en valeur du bâtiment.

La restauration du 94 rue de Paris est terminée !

Achetée par le Comité en 1991 sur les conseils de Jean Méreau qui avait identifié une maison de tisserand qu’il qualifia de « scaldienne », les travaux ont commencé l’année suivante grâce à André Dru, Jean Paul Boulenger et Jérôme Guilleminot.

En 1996, une convention est signée avec la Ville de Valenciennes et les travaux extérieurs commencent : façade, toiture, gros œuvre…

En 2004, le Conseil Général du Département du Nord récompense le Comité et lui donne le premier prix de restauration dans la catégorie «  Associations ».

Les objectifs de cette restauration sont multiples : proposer un exemple de restauration du patrimoine valenciennois ancien, en faire le siège du Comité , créer un espace muséal ouvert au public et archiver les nombreux dons des adhérents.

A partir de 2001, les travaux commencent à l’intérieur avec une remise en état de la cave, lieu de travail du tisserand au XVIe siècle, puis la pose de tomettes au rez de chaussée grâce aux dons de généreux membres. Vint ensuite le problème de l’escalier qu’il fallait construire pour aller aux étages. Après le dépôt de nombreux dossiers de mécénat, la Fondation du Crédit Agricole accepte et finance la pose en 2018, ce qui a permis de mettre un plancher au premier étage.

La dernière partie des travaux vient de se terminer cette année 2022 :

remplacement du plancher du second étage, remplacement de l’escalier du grenier.

Le plafond du premier étage étant neuf, nous l’avons peint en rouge, pour rappeler qu’au XVIe siècle les plafonds étaient enduits de sang de bœuf pour les protéger des insectes et des moisissures.

Après plus de 30 ans de travaux et un financement réalisé par moitié grâce aux cotisations des adhérents et pour l’autre moitié avec des subventions, des dons, du mécénat, du bénévolat…, la restauration est donc terminée. Il ne reste que l’ancien escalier qui mène au second à rénover.

Tous les objectifs fixés au départ sont atteints : remettre la maison comme on suppose qu’elle était au XVIe siècle, en faire le siège de l’association (inauguré en 2019), l’ouvrir largement au public (en faisant remarquer qu’il y avait des milliers de maisons de ce type tout au long de l’Escaut de Cambrai à Anvers, qu’il n’en reste qu’une dizaine et que c’est la seule que l’on peut visiter !), enfin en faire un lieu de stockage des dons.

Un grand merci à tous ceux qui nous ont aidés dans ce projet qui paraissait impossible au départ et qui finalement vient d’aboutir grâce à eux !

Le mot du secrétaire

* Le Bureau du Comité vient de perdre deux membres historiques :

• Evelyne Leclercq, ancienne secrétaire du collège de Beuvrages, elle faisait partie du Bureau depuis plus de trente ans. Elle était très active et très dévouée, en particulier lors des Journées du Patrimoine.

• Maryvette Clowez, professeur d’Histoire au collège Chasse Royale, elle aussi très dévouée et très motivée lors des Journées du Patrimoine.

Suite à ces deux départs, nous cherchons de nouveaux membres pour le Bureau. Les personnes intéressées sont priées de se manifester avant l’Assemblée Générale.

* Le Comité vient de perdre Thierry Brasseur, le créateur en 2010 du site cspv.asso-valenciennes.fr

Bénévole de l’association Val Libre, il a permis au Comité d’avoir un site qui a eu, à ce jour, plus de 250 000 visiteurs. Toujours disponible, il avait un don pour régler le moindre problème…Les personnes maîtrisant le logiciel Guppy seront les bienvenues pour aider à la gestion du site.

Le site reçoit plus de 2 000 visites par mois. La fréquence plus importante lors de l’année scolaire prouve que des élèves et des étudiants y trouvent leur bonheur...

* Le Comité vient de perdre un généreux donateur en la personne de Cécile Gallez, très sensible à la sauvegarde du Patrimoine et solidaire des actions du Comité.

* Grâce aux Maîtres de conférences Claire Barat, Sarah Rey et Yves Junot de l’Université de Valenciennes, le Comité a eu la chance d’avoir deux stagiaires : Tiphaine Pouillaude (Master 2 Études Curatorielles) et Véreine Schummer (Master 1 Patrimoine Ressources Territoriales).

Stage de découverte et d’observation du fonctionnement d’une association de sauvegarde, mais aussi actions de relevé et de tri des dons faits au Comité, proposition sur l’espace muséal, audit du site, sans oublier une aide au rangement, à la mise en peinture des plafonds...Ces stages ont été très bénéfiques, autant aux stagiaires qu’au Comité !

* L’an dernier, le nombre de cotisants était de 122, pour 6 300 euros de dons, ce qui nous a permis de finir les travaux du 94 rue de Paris. Les travaux sont terminés, mais maintenant il faut s’occuper de l’entretien, la maintenance est importante et les dons seront toujours les bienvenus !

* Les conférenciers du Hainaut : Christine Yackx, Georges Biron, Philippe Morel, Jean Marie Conreur, Serge Massin, Bertrand Bosio,...vont proposer des conférences dont certaines pourraient se dérouler au 94 rue de Paris. Contact : conferenciers.hainaut@gmail.com . La liste actuelle de nos conférences se trouve sur le site internet suivant : http://confhainaut.canalblog.com/

* Un grand merci à Grégory Di Michele pour son aide dans la réalisation des joints et pour le nettoyage du 94 rue de Paris qu’il fait chaque année avant les Journées du Patrimoine.

* De même, un grand merci à Claude Boulanger pour son aide précieuse dans le déménagement du premier étage et dans la présentation du 94 rue de Paris en vue des visites.

* Merci aussi à Philippe Lotterie pour son aide précieuse en mécanique : serrures, verrous, gonds, rien ne lui résiste !

La cotisation d’adhésion au Comité reste à 16 € mais vous pouvez verser davantage !

(Un reçu fiscal vous sera délivré, il vous permettra une réduction d’impôts)

L’adresse du Comité est : 94 rue de Paris 59300 Valenciennes

Le président : Alain CYBERTOWICZ 17 rue Émile Zola 59880 Saint Saulve

(06 86 71 90 02) a.cybertowicz@wanadoo.fr

Le secrétaire : Bernard BEAUFORT

Le trésorier : Christian VACHER 3 avenue d’Amsterdam 59300 Valenciennes