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2012 Numéro 15

NOTRE PATRIMOINE

BULLETIN DU COMITE DE SAUVEGARDE DU PATRIMOINE VALENCIENNOIS.

 

N° 15 Automne 2012

Le mot du Président

 

SUS  A  L’ANTHROPOCENTRISME

 

 

Dans « L’Observateur du Valenciennois » du 2 mars 2012, Monsieur l’adjoint à l’urbanisme annonçait qu’un vaste projet immobilier était en cours de gestation. Sur un terrain de 6.494 m² longé par le Vieil Escaut situé entre le square Carpeaux et la voie de chemin de fer, on prévoit des logements, une résidence affaire, un restaurant, un parking souterrain et une activité tertiaire.

Interrogé sur le point de savoir s’il ne s’agissait pas de la disparition programmée d’un espace vert, l’élu de répondre : « ce n’est pas un espace vert. C’est un espace sauvage non entretenu, juste un lieu vert… On ne supprime pas [les arbres] pour le plaisir, mais on s’inscrit dans le Grenelle de l’Environnement qui  vise à densifier le centre-ville pour limiter l’utilisation des véhicules… ». Quant au bras du Vieil Escaut c’est « un véritable cloaque… ».

Fermer le ban, rien à dire ; circulez, rien à voir.

Au moins notre édile reste cohérent avec lui-même. N’avait-il pas déjà déclaré dans le même journal (L’Observateur 22/09/06) : « le poumon vert [de Valenciennes] se limite au parc de la Rhonelle et il n’est pas de terrain privé qui doive rester vierge d’habitation… »

Le problème est que désormais il ne s’agit plus de terrain privé mais du domaine public. Les 6.494 m² du square Carpeaux et du Vieil Escaut appartenaient au domaine public de  Valenciennes et demeuraient comme tel inconstructibles. Par décision du 12 juillet 2012, le conseil municipal a procédé à leur déclassement afin de les faire tomber dans le domaine privé de la ville ce qui permettra de les vendre à un promoteur de son choix.

La tendance avait été donnée avec le déclassement partiel du jardin Plumecoq et du square du Rieur. Pour la première fois à notre connaissance dans l’histoire de la ville, un jardin public avait vocation à devenir constructible.

Au-delà de la confirmation de ce virage de la politique urbanistique, le projet de la place Carpeaux est d’un tout autre impact sur l’environnement : il s’agit de 6.500 m² de véritable zone verte bordée d’une rivière. Certes, il n’y a pas d’allée, de gazon, de massif de fleurs mais des arbres d’essences locales, une flore spontanée et une faune surprenante sur les berges touffues (voir photos dans La Voix du Nord  21/06/12) du Vieil Escaut. En fait de « cloaque », il s’agit des eaux mêlées de l’Escaut et de la Rhonelle à l’issue de leur  traversée du site de l’écluse des Repenties et du pont de la Citadelle. Les poissons y ont fait leur retour (perches, gardons, brochets, carpes, brèmes et même truites). Les couples de colverts connaissent bien l’endroit et les martin-pêcheurs (espèces et habitat protégés) y ont élu domicile.

Rares sont ceux à avoir visité les lieux et notamment la parcelle 1002 (Vieil Escaut et ses berges) : en contrebas de talus pentus, le cours d’eau se fraie un chemin sous une véritable voute végétale. Si l’endroit mérite un nettoyage, il doit surtout être respecté dans son originalité et être préservé de tout aménagement intempestif.

Il est abusif de prétendre qu’un lieu inaccessible au promeneur est, de fait, dénué de valeur. Cette authentique coulée verte (n’ayant rien de comparable à sa calamiteuse homonyme longeant l’Hôpital Général) fait écran aux voies de chemin de fer ; elle est directement visible des immeubles d’habitation de la place Carpeaux et de l’avenue du Sénateur Girard. En outre, elle fait office de dernier nichoir à nombre d’espèces d’oiseaux qui ne peuvent se satisfaire de squares insuffisamment denses.

La parcelle 1002 est une respiration dans un quartier qui en manque singulièrement.

Disons le tout net : si le cours du Vieil Escaut et ses berges devaient faire l’objet d’un aménagement urbain, ce serait un triste gâchis.

 

Jérôme GUILLEMINOT

 

 

 

 

 

L'Art-Déco à Valenciennes

La dénomination Art-Déco ne remonterait qu'aux années 60, désignant le courant stylistique en architecture et arts décoratifs prévalant donc de 1918 à 1940. Mais nombre de réalisations postérieures à la deuxième guerre mondiale sont manifestement d'esprit Art-Déco (exemple, la pharmacie de la place du Hainaut) alors que d’autres de style Art-Moderne, donc en principe années 50- début 60, datent en réalité des années 30.

Il est souvent dit que l’Art Déco est né d’un désir de simplicité en réaction aux lignes organiques exubérantes de l’Art nouveau. Mais pour d'autres, et à l’inverse l’Art Déco serait une réaction au style   International, dépouillé à l'extrême, tout en angles droits acérés, hostile à toute manifestation décorative, et apparu vers 1910 ou un peu avant. On peut supposer que les deux interprétations ont leur part de vérité.

L'Art-Déco le plus typique associe lignes et décors géométriques à des éléments de sculpture stylisés. Les lignes « organiques » ont disparu. L'exemple le plus caractéristique que je connaisse dans le Valenciennois est la façade du théâtre d'Anzin. Deux éléments spécifiques, (les médecins diraient deux signes pathogomiques) : l'arc à pans et le bouquet de roses stylisées, en corbeille ou en vase, souvent dans les ferronneries (cependant les ferronneries bien ouvragées, garde-corps et grilles de porte, fréquents en général, sont rares à Valenciennes). Les panneaux en bas reliefs de fleurs stylisées sont eux aussi spécifiques, ainsi que les appuis de fenêtre polygonaux, arrondis ou à console. Autre élément, le bow-window (bloc en avant sur la façade portant des fenêtres), apprécié par l'Art-Nouveau, puis l'Art-Déco.

Le XXième siècle est riche en tendances. Si un style résolument « contemporain » d'aspect apparaît dès ses premières années, certains construisent encore en « Beaux-arts » ou « Eclectique » pendant plusieurs décennies (tel le 110 rue de Famars millésimé 1922).

On a bien des difficultés à démêler Style International, Bauhaus, Modernisme, Art-Déco, tous plus ou moins mâtinés d'Expressionnisme. Les « hybrides » sont légion. Cela explique qu'on inclut dans le groupe Art-Déco une masse de constructions et objets qui ont un « parfum » Art-Déco tout en en étant, formellement, éloignés. De plus on a beaucoup fait, suivant l'esprit XIXième, dans le « néo Art-Déco », néo-roman, néo-gothique, néo-flamand, néo-basque …

La rupture avec les architectures issues du XIXième siècle se situe aussi dans les matériaux. On passe ainsi d'une prédilection pour pierre ( ± brique ) et fer à une utilisation généralisée du béton armé et brique ( ± pierre ), et fins profilés d'acier pour les huisseries (hélas souvent remplacées par des menuiseries banales).

Parfois ce ne sera qu'un décor de ciment plaqué sur une façade ancienne tels les 13 à 17 rue Ferrand.

Contrairement à Cambrai où l’Art Déco est très présent en centre ville suite aux sévères destructions de la première guerre mondiale, la majorité des réalisations valenciennoises se situent au-delà des boulevards. Les rues Fleurie et de l’Abbé Delbecque par exemple en comptent quelques dizaines tout à fait remarquables bien que peu connues et non protégées.

 

Jean Patrick Leroy

 

Si vous désirez voir des photos et dessins de Jean Patrick Leroy, et de bien d’autres, 

sur l’Art Déco en France: http://www.flickr.com/groups/1379467@N24/.

 

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Rue de l'Abbé Delbecque

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Rue de l'Abbé Delbecque

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Rue du Quesnoy

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Rue du Quesnoy

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Avenue de Liège

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Avenue de Liège

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Avenue de Liège

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Rue Anédée Bultot

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Rue de l'Abbé Delbecque

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Rue Milhomme

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Rue Milhomme

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Rue Milhomme

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Boulevard Watteau

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Boulevard Watteau

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Rue Emmanuel Rey

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Avenue Villars

 

Le mot du secrétaire

  • Le patrimoine valenciennois vient de perdre deux de ses plus ardents défenseurs : Thierry Hautclocq et Jean Méreau. Tous deux, et chacun dans leur registre, avaient une telle connaissance de la Ville qu’ils savaient exactement quand il fallait intervenir pour sauvegarder un site ou faire arrêter des travaux qui n’étaient pas conformes. Ils sont irremplaçables…et du coup, il n’y a plus de « gendarme du patrimoine » à Valenciennes : après le départ de Gilles Hugues et les décès de Thierry Hautclocq et de Jean Méreau, il n’y a plus de « responsable officiel » de surveillance du patrimoine ancien et certains travaux se font sans autorisation.

Il semblerait que le seul moyen d’action actuel soit le « flagrant délit ».

Un courrier a été fait à Monsieur le Maire qui nous assure que : « le service d’urbanisme poursuit son travail de veille et de contrôle, comme il l’a toujours fait et continuera à le faire dans le plus strict respect de la réglementation et de la protection  de la qualité architecturale de notre ville et de son patrimoine. Lorsqu’une infraction est constatée par les services municipaux, les travaux sont immédiatement arrêtés. Il est alors demandé au propriétaire de déposer un dossier en mairie en vue d’une régularisation de la situation lorsque cela est possible. Quand il apparait clairement que cela ne pourra pas être le cas, un procès-verbal est dressé et envoyé systématiquement au Procureur de la République pour examen et instruction »…Nous prenons bonne note de cette réponse de Monsieur le Maire et souhaitons une application de ces décisions.

  • Le chantier de la basilique Notre Dame est à l’arrêt…le dossier est au tribunal administratif  et pendant ce temps la situation se dégrade, autant à l’intérieur qu’à l’extérieur…Le plus frustrant est que personne ne peut intervenir tant que le jugement n’est pas tombé…et pour peu que ce jugement soit renvoyé en appel, les travaux de réparation des dégâts consécutifs à la première tranche de rénovation ne sont pas prêts de commencer…
  • La réhabilitation de l’Hôpital Général va commencer et devrait être une réussite avec un bel hôtel quatre étoiles, des bureaux et des appartements de standing. A propos des œuvres d’art et le mobilier de la chapelle du Hainaut, Monsieur le Maire nous assure que : « Toutes ces œuvres appartiennent au Centre Hospitalier de Valenciennes et sont entreposées dans de bonnes conditions. Dans le cadre de la cession du site, la direction du  CHV demeure très attentive à leur préservation et un accord a été trouvé avec l’acquéreur, sur la base d’une convention de mise à disposition de ces œuvres dont le principe a été inclus dans le compromis de vente ».
  • De nombreux sites du patrimoine ancien de la ville sont oubliés… : L’Hippodrome, la Porcelainerie, la maison du Prévôt, la maison natale de Carpeaux, la tour de la Dodenne, le Mont de Piété, la « Coulée Verte »,  le lit de la Rhonelle en aval de la tour de la Dodenne et en aval du Pont Delsaux…Tous ces lieux sont sauvegardés, certes, mais laissés sans soin…et donnent une triste image du passé valenciennois, alors qu’un peu d’entretien changerait tout… !

·         N’hésitez pas à consulter le site internet du comité : http://cspv.valenciennes.fr  vous pouvez vous y inscrire gratuitement en temps que membre.

A noter :

La cotisation d’adhésion au Comité reste à 16 €. (Un reçu fiscal vous sera délivré )

L’adresse du Comité est : 6 rue d’Audregnies 59300 Valenciennes

Le Secrétaire : Alain CYBERTOWICZ 17 rue Emile Zola 59880 Saint Saulve

(0686719002)    a.cybertowicz@wanadoo.fr

Le Trésorier : Christian VACHER 3 avenue d’Amsterdam 59300 Valenciennes


Date de création : 22/10/2012 14:50
Dernière modification : 06/11/2013 22:08
Catégorie : Rubriques - BULLETINS
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