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2008 Numéro 11

NOTRE PATRIMOINE BULLETIN DU COMITE DE SAUVEGARDE DU PATRIMOINE VALENCIENNOIS.

N° 11 Automne 2008

Le mot du Président

Petit Patrimoine et Grande Histoire

Curieusement, deux périodes majeures de l'histoire moderne de Valenciennes restent peu connues: 25 août 1914 – 2 novembre 1918 , 27 mai 1940 – 2 septembre 1944. Ces « espaces temps » restent comme deux trous noirs dans notre connaissance historique. Les occupations allemandes durant les deux dernières guerres mondiales n'ont fait l'objet que de peu d'études. Grâce à René Delame qui a tenu clandestinement un journal aboutissant à une publication de deux volumes en 1933, nous connaissons une partie de cette vie dure, dangereuse, malheureuse que les Valenciennois

non évacués ont continué, malgré tout, à mener dans leur cité. Quant à la seconde occupation, le mystère est encore plus grand : à ma connaissance aucun ouvrage n'en a traité.( Toutefois en août 1973 Maurice Delame publiait « la libération du Valenciennois » et en décembre 1980, la classe de 1ère D du Lycée Watteau sous la conduite de mesdames Hache et Perin et de monsieur Repaire ont diffusé « Notre lycée 1939-1945 », remarquable recueil d'études et témoignages sur la résistance.)

Toute trace de ces époques est donc intéressante à étudier et conserver. Monsieur le docteur F. a récemment retrouvé un ensemble de vieux papiers dont il a fait don à notre comité (qu'il en soit ici remercié): plusieurs affiches émanant de l'autorité allemande entre 1914 et 1918 et d'autres du gouvernement français appelant à la souscription d'emprunts nationaux, quelques correspondances sur l'état sanitaire de la population, des mots échangés entre médecins allemands et français à propos de cas médicaux, des journaux destinés aux troupes d'occupation et d'autres édités en français par un organe de presse collaborateur...

Messieurs Alain Cybertowicz et Jean Louis Labur, membres de notre association, ont, quant à eux, effectué un relevé des inscriptions laissées par une cinquantaine de soldats canadiens en novembre 1918 sur les pierres du clocher de Notre Dame du Saint Cordon. Dans les deux cas, ces traces modestes et fragiles allaient disparaître et avec elles une parcelle de connaissance de ces périodes troublées. Alors de grâce, ne jetez ni ne détruisez les archives professionnelles ou personnelles, les photographies, les lettres, dessins, objets divers relatifs à ces événements, tout ce « petit patrimoine » qui éclaire notre grande histoire. Conservez-le ou transmettez-le.

Jérôme GUILLEMINOT

 

Le 57 rue de Famars.

Texte et dessins de Jean Paul BOULENGER

Le numéro 57 de la rue de Famars présente en façade des boiseries « art nouveau », qui fut si fort à la mode de l’extrême fin du XIXème siècle au début de la Grande Guerre : il cessa d’emprunter à l’antiquité ou à la renaissance leur répertoire décoratif, pour demander à la végétation, directement observée avec une rigueur de botaniste, une inspiration complètement renouvelée : les enroulements de lianes, les enchevêtrements de tiges souples se mirent à serpenter sur des surfaces lisses, bien éloignées de la surcharge décorative à la mode au temps de la Monarchie de Juillet et du Second Empire (1) : En jouant ainsi de l’opposition entre une surface unie et la tige végétale qui l’habille, l’« art nouveau » avoue sa dette aux céramistes japonais animant d’un simple rameau, du bourgeon d’une unique fleur le flanc lisse d’un vase.

Certes, l’ « art nouveau » succomba parfois à des excès, qui le firent qualifier de « style nouille » par les tenants de la mode tout opposée des formes carrées et des volumes austères, contemporains de la rigueur géométrique de la peinture cubiste. Au contraire, les lignes de la grand’ porte du 57 rue de Famars restent sobres : la symétrie des deux vantaux et le décor tout en lignes droites, un peu sèches, des panneaux du bas, assurent à l’ensemble un équilibre tout classique, associé cependant à une subtile modulation des deux montants d’encadrement posés sur un socle, dont les moulures simples contrastent aves les volutes végétales qui les surmontent.

Au dessus de cette porte d’un « art nouveau » ainsi modéré, un panneau convexe horizontal sacrifie plus franchement à la nouvelle mode décorative, avec ses lianes capricieusement enroulées et déroulées, mais déployées sur une surface lisse. Quant à la poignée de manœuvre du cordon de sonnette, en forme de heurtoir, et à la plaque de métal d’où elle sort, elles semblent bien la création d’un artisan forgeron qui invente à sa guise son propre vocabulaire décoratif : juxtaposition savoureuse d’un produit d’art populaire et d’une esthétique relevant d’une mode européenne ? (1) Comme en témoigne la profusion d’ornements dans les étages du numéro 46 de la même rue de Famars.

Détail d'un panneau au-dessus de la porte.........grand’ porte........................et sonnette du 57 rue de Famars

Dessins de Jean Paul Boulenger

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Relevé de graffiti sur le clocher de Notre Dame


En janvier et février 2008 Jean Louis Labur et Alain Cybertowicz, du Comité, ont relevé des inscriptions faites sur les murs du clocher de Notre Dame avant qu’elles ne disparaissent avec l’opération en cours de sablage des murs, l’objectif étant d’en conserver la mémoire. La plupart de ces graffiti ont été réalisés par des soldats canadiens vers la fin de la première guerre mondiale, et plus précisément aux environs du 11 novembre 1918 comme semblent l’attester les dates inscrites. Mais il y a aussi de toute évidence d’autres auteurs : des civils, mais aussi des soldats allemands ( ?), anglais (Oxford) ou australiens (Sydney)…

L’opération s’est avérée très délicate car ces inscriptions ont été faites sur les murs extérieurs du clocher sur de petits balcons situés à environ trente mètres de hauteur servant pendant les guerres d’observatoires militaires , et ce travail n’a été possible que par la présence d’échafaudages installés par les entreprises procédant à la restauration de la Basilique. De plus, comme chacun le sait, la pierre est très abîmée en surface, ce qui rend la lecture difficile ; les inscriptions sont nombreuses (plus d’une centaine) et parfois imbriquées les unes dans les autres ou surchargées de traces sans intérêt ou parfois illisibles, car certaines parties de la pierre sont tombées en éclats ou en poussière…Enfin il est impossible d’assurer l’authenticité de ces relevés car il est évident que depuis la construction de la Basilique des milliers de personnes sont montées dans ce clocher et ont pu y laisser des traces…

Un document interactif sous forme de C.D.Rom a été créé pour présenter ce relevé: Ce document contient les plans du clocher aux niveaux 4 et 5 et ceux des différents secteurs examinés, les listes des inscriptions relevées par secteur et par ordre alphabétique, des photos lorsqu’il était possible d’en prendre et des frottis lorsqu’il était possible d’en faire Ce document est consultable sur le site du Comité : http://www.cspv.fr Le C.D.Rom sera en vente le jour de l’assemblée générale pour un montant de 5€ pièce.

Valorisation des vestiges des anciennes fortifications le long de la rue du Camp Romain


Beaucoup de personnes sensibles au patrimoine se sont inquiétées des travaux de débroussaillage de la voie ferrée désaffectée le long de la rue du Camp romain, car il existe à cet endroit des vestiges des anciennes fortifications, et plus précisément des galeries souterraines et la lunette n° 53, dite « lunette de Cambrai », un ensemble en très bon état de conservation…qu’il faut absolument préserver…. Les travaux sont menés par Valenciennes Métropole. Une visite du chantier avec Monsieur Lalin, Directeur Général des Services Techniques, responsable de ces travaux, la DRAC représentée par Monsieur Roumegoux, le service archéologie représenté par Messieurs Beaussart et Tixador, a permis de constater que les travaux envisagés ne compromettent pas l’intégrité des vestiges mis à jour par le débroussaillage. Il est proposé de mettre en valeur la partie supérieure des vestiges (de l’ordre de 1 à 2m), étant entendu que le reste sera protégé par un remblai. Le projet paysager sera donc étudié dans la perspective d’intégrer et de valoriser les éléments supérieurs des fortifications. Le Comité a demandé à Valenciennes Métropole que le projet intègre un parcours pédagogique expliquant les anciennes fortifications de la ville avec des panneaux en céramique : un plan d’ensemble des fortifications, un zoom sur les éléments visibles sur le site, et quelques explications très simples, à la portée de tout public. Monsieur le Maire a été consulté et il a donné son accord pour la concrétisation de ce projet de parcours pédagogique qui sera financé entièrement par Valenciennes Métropole.


Date de création : 21/12/2010 08:18
Dernière modification : 25/01/2014 22:41
Catégorie : Rubriques - BULLETINS
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