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2004 Numéro 8

NOTRE PATRIMOINE

BULLETIN DU COMITÉ DE SAUVEGARDE DU PATRIMOINE VALENCIENNOIS.

N° 8 Automne 2004.

 

Le Ministre et le héron

 

Lorsque je découvris, à mon retour de vacances, l’Observateur du Valenciennois du 23 juillet 2004, je n’en crus pas mes yeux. En page 5, sous le titre “Un Louvre à Valenciennes “, Mr Renaud DONNEDIEU de VABRES, ministre de la culture, et Mr Dominique RIQUET, maire de Valenciennes, entourés d’une dizaine de quidam, photographiés en grand conciliabule sur... la passerelle de l’écluse des Repenties ! Qui l’eut cru en 1988, quand une précédente municipalité venait d’autoriser l’installation d’un ferrailleur, transformant durablement un site ignoré mais verdoyant en gigantesque tas d’immondices ?

Depuis les premiers courriers de Jean-Patrick LEROY en 1975 jusqu’à cette visite ministérielle, il aura fallu l’inscription à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques, une campagne électorale amenant sur place les deux prétendants à la mairie (Mr MARLIERE et Mr BORLOO), plusieurs opérations de nettoyage, des travaux confortatifs afin d’éviter l’effondrement d’une partie des piles de l’écluse, puis l’engagement de l’actuelle municipalité qui a négocié le départ du ferrailleur et lancé le chantier de restauration confié à Mr BISMAN architecte à Lille. Le résultat est spectaculaire.

 

La veille des Journées du Patrimoine, je marchais sur le batardeau; sur son revêtement fraîchement restauré apparaissent des traces boueuses de doigts effilés. Un héron était récemment passé par là. Le volatile n’étant pas connu pour l’attachement qu’il porte aux vestiges historiques, sa présence confirmait plutôt l’amélioration de la qualité de l’eau et l’intérêt écologique du site.

 

“Le ministre et le héron” n’est donc pas une fable valenciennoise mais pourrait se transformer en conte de fées si le Louvre s’installe sur les rives du Vieil Escaut...

 

J.GUILLEMINOT

 

 

 

 

Le Pompéion

 

En 1925, l’architecte Maxime AUDHUIN présente à l’exposition des arts décoratifs une maison qu’il qualifie de « gréco-moderne ». Elle séduit un valenciennois qui la fait édifier rue Louise d’Epinoy, où elle subsiste presque intacte. Le « Pompeion » se réclame à la fois de l’antiquité classique et de la mode la plus récente.

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D’une part, strictes colonnes doriques d’un temple grec, laissant entre elles un espace égal à quatre diamètres (c’est l’entrecolonnement que Vitruve appelait « diastyle ») ; lignes horizontales fortement affirmées ; frise de carreaux de céramiques (aujourd’hui disparue comme les épis qui sommaient les deux angles du carré central de la composition), occupant le bandeau qui surmonte les colonnes : elle montrait, en une scène cinq fois répétée, une femme assise coiffée par une servante, qui semble recevoir une visite ; derrière elle, un enfant, devant une table fleurie, offre une couronne à une statuette. Les personnages, élégants, un peu languides, sont dans le style des fresques de Pompeï. Aujourd’hui, une photo ancienne, contemporaine de la construction, permet juste de restituer les silhouettes.

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D’autres part, l’aspect « moderne » du « Pompeion » n’est pas moins accusé : les paniers fleuris de roses fortement stylisés, ici réalisés en fer forgé, sont chers aux décorateurs des années 20 ; des briques émaillées bleues aux encadrements des fenêtres, des mosaïques au tiers inférieur des colonnes, , apportent une brillance colorée bien différente de la blancheur uniforme de l’architecture traditionnelle ; de même les fenêtres ne présentent ni voûte cintrée, ni linteau horizontal ; on leur a cherché une forme originale. Et sans doute les mufles de lion qui terminent les encadrements de fenêtres sont-ils issus du répertoire décoratif traditionnel. Mais leurs reliefs traités en pans coupés rappellent les sculptures cubistes : là encore, il y a recherche de modernité.

 

Autre présentation architecturale.

 

Une maison de la rue Cahaut, au faubourg de Paris, révèle, si on la débarrasse de quelques adjonctions parasites, une belle ordonnance, un appareil soigné, et un sobre décor sculpté de balustres et de triglyphes. Au rez-de-chaussée, les hautes fenêtres sont encadrées dans des niches un peu en retrait sur le plan de la façade. Elles animent la surface d’une ombre légère, sous les claveaux à crossettes d’un arc en plein cintre. Sous la fenêtre, cinq balustres se détachent sur l’ombre d’une niche aveugle. (Semblable disposition se retrouve au 4 square Froissart, et, avec balustres de section carrée, au 103 de la rue Henri Barbusse à Saint Saulve.)

 facade pompeion.jpg

L’ordonnance de l’ensemble rappelle quelques autres maisons néoclassiques de Valenciennes, d’époque Louis XVI, ou reconstruites après le siège de 1793. En revanche, on trouve sur les bâtiments du XVIème siècle, à Mons par exemple, de tels arcs de décharge surmontant les fenêtres du rez-de-chaussée : ce décalage chronologique est l’originalité de cette maison.

 

 

Textes et dessins de J.P. BOULENGER.

 

Le mot du secrétaire

 

Le Comité de Sauvegarde du Patrimoine Valenciennois s’est intéressé à la partie de l’Escaut visible rue Emile Durieux, avec une petite écluse et juste en amont, sous la route, le pont Sainte Croix, intact , tel qu’il était il y a quelques centaines d’années…avec l’espoir de valoriser cet endroit unique dans la ville et qui est le seul où l’on peut voir le cours de l’Escaut intra muros…En juillet dernier un petit entrefilet est paru dans la Voix du Nord précisant que des travaux d’assainissement allaient être faits dans cette rue, et que le « cloaque » allait être rebouché…

Nous avons donc pris rendez vous avec la municipalité et le SIAV (syndicat d’assainissement), sur place pour savoir quels étaient exactement leurs projets…Il s’est alors avéré que le SIAV devait faire passer ses drains d’assainissement au travers du pont, mais, après négociations, en évitant de tailler dans les parties en pierre qui datent du Moyen Age…Et il s’est aussi avéré que la Ville n’avait plus un sou à mettre dans la valorisation de cet endroit…

Un autre problème est alors apparu : le fait de reboucher cette partie de l’Escaut permettrait au promoteur qui a racheté l’Hôtel Floréal de faire rentrer ses engins pour les travaux, puis de faire une entrée pour les véhicules des futurs résidents…Un compromis était alors envisageable avec ce promoteur, ainsi qu’avec la Ville qui est propriétaire de l’accès arrière du restaurant « Les Arcades », et la résidence voisine pour faire une entrée commune permettant de voir le pont Sainte Croix…Mais le promoteur nous a répondu qu’il n’arrivait déjà pas à boucler son projet à un prix raisonnable….et qu’il n’était donc pas possible d’envisager un surcoût…

La seule solution était donc de reboucher purement et simplement c’est donc la décision qu’a prise Monsieur le Maire, avec fort heureusement la promesse que le pont ne serait pas touché….et donc pour nous l’espoir qu’on pourra le revoir à l’air libre un jour…

 

Un autre sujet de préoccupation pour le Comité de Sauvegarde du Patrimoine Valenciennois est l’Hôtel Mer, 14 rue du Grand Fossart. La véranda classée se dégrade de plus en plus ; les nombreux courriers envoyés au propriétaire (V2H) ainsi qu’une réunion en mairie restent sans effet. Une campagne de presse est-elle la seule solution à envisager ?

 

Alain CYBERTOWICZ

 

Nouvelles diverses

 

  • Maison du Comité 94 rue de Paris : une permanence s’y tient le premier samedi de chaque mois de 10 h à 12 h pour bénéficier du marché des bouquinistes et l’après-midi de 15 h à 17 h. Les membres du bureau se relaieront pour assurer cette permanence durant laquelle il sera possible d’acheter des cartes, des plans et de régler les cotisations.

 

  • Maison du Comité-bis : un groupe de travail s’est constitué autour de Mr LABURE et Mr DRU afin de débuter les travaux d’aménagement intérieur en cave et rez-de-chaussée: sols, murs, plafonds, eau, électricité, escalier. Les travaux spécialisés seront confiés à des entreprises; le reste pourra être accompli par les membres volontaires. Avis aux amateurs...

 

  • ZPPAUP : le Comité a reçu l’accord de Mr le Maire pour proposer une série de mesures visant à favoriser le respect de ce règlement d’urbanisme. Cependant, nous attendons toujours d’obtenir une copie intégrale de ce document permettant de l’analyser en profondeur et de le diffuser correctement. Actuellement, seule une copie informatique difficilement maniable peut-être consultée.

 

  • Inventaire : le Comité a décidé de constituer un inventaire photographique systématique des façades d’immeubles anciens en centre ville, puis ultérieurement des boulevards. Les progrès de la photo numérique permettent désormais d’éviter le coût important du développement mais supposent néanmoins une conception ordonnée du stockage d’informations. Les personnes intéressées et compétentes sont invitées à se faire connaître.

 

  • Nous avons réalisé pour vous un nouveau plan, copie de celui de 1699, avec les paroisses de l’époque et un calque décrivant le parcours des quatorze rivières. Le tout, accompagné d’une légende très complète et d’un commentaire extrait d’un almanach, est en vente pour 20 €. Pour toute commande, contacter le secrétaire Alain Cybertowicz 0686719002 a.cybertowicz@wanadoo.fr.

 

Rétrospectives sur la vie de l’association.

 

  • décembre 1991 : achat de la maison 94 rue de Paris.

  • septembre 1992 : dossier sur le quartier des Canonniers.

  • juin 1994 : recours devant le tribunal administratif et annulation du permis de démolir les 6 et 8 rue de Hesques.

  • octobre 1996 : premier bulletin “Notre Patrimoine”.

  • septembre 1999 : début des travaux de restauration 94 rue de Paris.

  • septembre 2001 : réception des travaux de façade 94 rue de Paris.

  • 2002 : contentieux avec la SCI La Dodenne.

 

 


Date de création : 19/10/2010 20:48
Dernière modification : 10/11/2013 21:30
Catégorie : - BULLETINS
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