2017 Numéro 20
NOTRE PATRIMOINE
BULLETIN DU COMITE DE SAUVEGARDE DU PATRIMOINE VALENCIENNOIS.
N° 20 Automne 2017
Le mot du président
94 rue de Paris : le bout du tunnel ?
Acheté par le Comité en 1991, sur les conseils de Jean Méreau qui voyait là l’opportunité de restaurer une maison de tisserand typique du XVIème siècle à Valenciennes, le 94 rue de Paris va pouvoir avancer sérieusement dans l’aménagement de son intérieur.
Au départ cela ressemblait à une opération « déraisonnable », étant donné l’ampleur des travaux à réaliser. C’était comme entrer dans un tunnel dont on ne voyait pas la fin...Mais nous avons « osé » !
Pour l’extérieur, avec l’aide de l’architecte Jean Méreau, et du financement pour moitié des membres du Comité et le reste en subventions de la Ville, de la Région, de l’Europe (Feder), les choses sont allées relativement vite pour aboutir en 2001 au « premier prix de restauration » d’un concours lancé par le Département, dans la catégorie « Associations ».
Forts de cette réussite, nous nous sommes lancés dans la restauration de l’intérieur. En commençant par le grenier et le second étage, André Dru, Jean-Louis Labur et Jérôme Guilleminot ont démonté les planchers, nettoyé et traité les solives et les poutres, une par une, et là aussi les choses se passaient plutôt bien. Arrivent alors plusieurs problèmes : une cheminée au premier étage qui menace ruine, une poutre qui risque de lâcher et un escalier à mettre impérativement entre le rez de chaussée et le premier étage...Plusieurs projets pour cet escalier, mais aucun n’a réussi à faire l’unanimité, avant celui de Roland Demoulin, architecte honoraire et nouveau venu dans le Comité en 2014. Le choix étant fait, il fallait trouver le financement ! Cet escalier qui s’élève de plus de quatre mètres a un coût important, et la rénovation de la cave et du rez de chaussée entrepris à cette période ont sérieusement réduit les réserves financières...Il fallait donc faire un appel aux dons et au mécénat ! Cela a été fait en 2015 et 2016 et les adhérents ont bien répondu à cet appel : les dons et cotisations ont progressé de 50 % et deux mécènes ont accepté de nous aider : La chaîne de magasins « L’Incroyable » et la Fondation d’Entreprise du Crédit Agricole Nord de France, grâce à sa déléguée générale Viviane Olivo qui a cru à notre projet et l’a soutenu auprès de sa Fondation.
N’oublions pas les nombreux dons en nature : des tomettes anciennes offertes par des particuliers qui ont permis de carreler le sol du rez de chaussée avec un aspect qui laisse croire à un carrelage d’origine ; des briques jaunes du 16ème siècle, issues de chantiers de fouilles avec l’autorisation de la Ville, qui vont permettre de couvrir le sol de la cave, comme c’était le cas à l’origine ; du matériel de tissage offert par des professionnels, des plans et des livres anciens venant de collections particulières...Bref de quoi finaliser l’aménagement et la décoration de l’intérieur.
A ce jour, nous avons pratiquement les moyens financiers pour commander l’escalier, créer un cabinet de toilettes et finir les planchers du premier et du second étage…26 ans après l’achat et le début des travaux, nous commençons à en voir la fin...Il reste encore du travail, mais la lueur apparaît au loin… : le bout du tunnel !
Alain Cybertowicz
Photos de l’avancée des travaux visibles sur le site cspv.asso-valenciennes.fr
dans la rubrique « travaux du 94 rue de Paris »
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Actualité de l’archéologie à Valenciennes Septembre 2015 - avril 2017
Arnaud TIXADOR
Attaché de Conservation, Responsable du Service Archéologique de Valenciennes
Depuis la fin de l’année 2015, le service archéologique municipal a procédé à différentes opérations d’archéologie préventive sur le territoire de Valenciennes. Ces diagnostics et fouilles archéologiques permirent de compléter, un peu plus encore, la « carte archéologique » de cette ville au riche sous-sol historique.
Les vestiges les plus anciens furent observés à l’occasion d’un diagnostic archéologique précédent la construction d’un immeuble au 28-27 rue de l’Epaix, qui a permis la mise au jour d’une petite occupation humaine de la fin du Ier siècle et du IIe siècle après Jésus-Christ. Les vestiges rencontrés correspondaient à un fossé large de 4,3 m. pour une profondeur de 1,4 m., orienté NW/SE en suivant la pente en direction de l’Escaut. Cette structure était dotée d’un fond maçonné en mortier de tuileau (mortier étanche, riche en chaux et en brique pilée). Un fin dépôt de calcaire sur la surface témoignait de la circulation de l’eau sur cette dalle, qui devait faire partie d’un système d’évacuation d’eau appartenant peut-être à un bâtiment se trouvant en contre-haut.
Dans ce même secteur Nord-Est de la ville, le diagnostic archéologique de la rue du Collège, sur les parcelles précédemment occupées par les enseignes CBA et Hertz, a permis une nouvelle fois d’observer les remparts de la ville. Ces maçonneries correspondaient à un ouvrage à corne protégeant le bastion dit de la « Poterne », daté de la fin du XVIIe siècle. Épaisse de plus de trois mètres au niveau de son élévation, la structure était renforcée intra muros par des contreforts, eux-mêmes noyés dans un large niveau de remblai. Les sondages profonds réalisés dans ces parcelles n’ont livré aucun vestige antérieur au XVIIe siècle.
En centre-ville, deux vastes parcelles précédemment occupées par l’ancienne galerie Match, et placées entre la rue de l’Intendance et la place du général De Gaulle, permirent aux archéologues de diagnostiquer le sous-sol avant la construction d’un nouvel ensemble immobilier (parcelles AR 605 et AR 790). La parcelle AR605, située au nord-est du site, occupe une partie des jardins d’agréments et potagers du couvent des Carmes (détruit après la Révolution pour laisser place à la caserne Vincent), et du refuge de la riche abbaye de Vicoigne établi à partir du XIIIe siècle (qui deviendra, en 1716, le siège de l’Intendance de Hainaut). Les ouvertures présentaient une séquence stratigraphique systématiquement observée sur les sites concernant le secteur nord-est de la ville, en bordure du fleuve. Il s’agissait d’une succession de remblais, datés du XIIIe au XIXe s, ayant pour objet d’assécher et de niveler une zone marécageuse ou inondable. La parcelle AR 790 était occupée par un quartier d’habitation ancien, disparu peu après la seconde Guerre Mondiale.
L’opération archéologique, de par l’importance des remaniements du sous-sol causés par la construction de la galerie commerciale (1982), ne révéla que peu de vestiges associés à ces établissements. Ces derniers sont essentiellement perceptibles en fondations (façade du bâtiment principal et flanc nord de la chapelle du refuge), et positionnés majoritairement hors de l’emprise du projet. Aux abords de ces bâtiments, les restes de modestes habitations du bas Moyen Âge et du début de l’Époque Moderne furent révélés au sud-est du site, dans un unique sondage. Il s’agissait de deux bâtiments édifiés en briques rouges et jaunes, partiellement perceptibles, dont les trois pièces étudiées avaient des emprises de 6, 8 et 11 m². Les sols de ces maisons étaient constitués de terre battue, régulièrement rechapée, et complétés de foyers aménagés à l’aide de brique et de tuiles posées de champ. Ce diagnostic archéologique, bien que situé en centre-ville, nous apprend que ce site ne sera que progressivement occupé, à partir de la fin du XIVe siècle, après d’importants travaux d’assèchement de cette zone humide correspondant aux anciennes rives de l’Escaut. Le très important impact des constructions des XIXe et XXe siècles n’a permis aucune autre observation
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archéologique, et les sondages profonds ne révélèrent rien d’un portus carolingien que l’historiographie locale situe pourtant dans ce secteur.
Le site de la rue des Hospices/rue Derrière-la-Tour, a fait l’objet d’une fouille archéologique menée de Juin à Novembre 2016. L’emprise de l’opération, d’une superficie de 1800 m², est localisée au centre de la ville médiévale, au cœur du Grand-Bourg, premier noyau urbain à l’origine du développement de la cité. La fouille a permis de dégager une stratigraphie complexe couvrant une chronologie allant du Xe siècle à nos jours.
L’occupation médiévale débute au Xe ou XIe siècle, et montre quelques trous de poteaux témoignant de l’existence d’au moins un bâtiment à ossature de bois, et quelques structures de stockage de type fosse-silo, ainsi que des restes de foyers. Au cours du XIIe siècle, ce même secteur est remanié et voit le creusement d’une fosse rectangulaire à usage de latrines dont les parois étaient renforcées par des planches de bois maintenues par des poteaux. De nouvelles constructions à ossatures de bois s’installent dans ce secteur. La seconde moitié du XIIIe siècle marque un tournant dans l’organisation du quartier. A proximité de la rue Derrière-la-Tour, trois bâtiments sont édifiées autour d’une cour. Ces édifices reposent en partie sur des caves en pierre blanche et voûtées en berceau. La pierre calcaire et le grès sont, dès lors, plus fréquents dans la construction urbaine.
Le site est ensuite occupé par une partie de l’Hôtel-Dieu de Valenciennes, officiellement créé par les lettres patentes accordées par la comtesse Jacqueline de Bavière, le 5 juin 1430. Les vestiges correspondent à l’extrémité ouest de la salle des malades, sous laquelle fut observée une vaste citerne voûtée en pierre blanche et dont le sol est réalisé en mortier de tuileau. Cet aménagement permettait à l’établissement de disposer d’une eau de bonne qualité nécessaire au soin des malades et à l’entretien. Accolée à cette citerne, une cave a également été observée. Rapidement condamnée, elle fut transformée au cours du XVe siècle en cuve réceptacle de latrines, livrant ainsi une grande quantité de mobilier archéologique témoignant de la vie quotidienne au sein de l’institution.
Les destructions révolutionnaires entraînent le transfert de l’Hôtel-Dieu et la transformation de la salle des malades en église en 1804. L’édifice, vétuste, est détruit dans les années 1860 pour céder la place à une galerie abritant des boutiques, dénommée passage Boca, qui reliait la rue des Hospices et la rue Derrière-la Tour. Ce passage sera lui-même détruit aux cours du premier semestre 2015.
Actuellement, de nouvelles opérations d’archéologie préventive sont programmées sur le territoire de Valenciennes, de même que des analyses de sédiments prélevés dans des contextes anciens, et des restaurations d’objets sont en cours. Ces travaux ne manqueront pas de compléter à nouveau nos connaissances sur le passé de cette cité, et d’enrichir à nouveau notre patrimoine matériel.
Détail du foyer d’une habitation de la fin du XVe s., site Match
Gobelet en grès datant de la première moitié du XVIe s., site Match
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Le mot du secrétaire
Le nombre de cotisants continue d’augmenter pour arriver actuellement à 110 membres, et le montant des cotisations et dons est passé à plus de 8 000 euros, grâce au mécénat de la chaîne de magasins l’Incroyable. Les membres ont été très sensibles à un appel de fonds pour la restauration de l’intérieur du 94 rue de Paris. Nous vous rappelons que les cotisations et les dons sont extrêmement importants pour l’association. De plus ils vous permettent de faire une défiscalisation de plus de 60 %, alors n’hésitez pas à verser un peu plus que l’an dernier afin de permettre au plus vite la fin des travaux. Un nouveau mécénat de 15 000 euros vient de nous parvenir par la Fondation d’Entreprise du Crédit Agricole Nord de France. La remise officielle de ce chèque se fera d’ici la fin de l’année.
Le CSPV est toujours présent à la Commission extra-municipale Patrimoine qui se réunit six fois par an. Par contre, contrairement à l’an dernier, le président et le secrétaire ne rencontrent plus Monsieur le Maire pour faire des « Points Patrimoine » ; cette interruption est intervenue juste après la vente du Mont de Piété et de l’Hippodrome, lorsque nous avons demandé des explications sur le changement d’affectation de ces deux bâtiments. Cela ne nous permet plus de suivre les différents chantiers PNRQAD qui sont en cours : rue du Quesnoy, impasses Badin et Sarrazin, impasse Onésime Leroy. Nous avons cependant demandé des explications sur le permis de démolir des façades de l’impasse Onésime Leroy alors que celles ci étaient inventoriées comme « à conserver » ou « à restaurer » dans le règlement de la ZPPAUP.
Le CSPV participe activement aux Journées Européennes du Patrimoine : Visite de l’écluse des Repenties, visite de l’Hôtel de Carondelet, visite du 94 rue de Paris, Jeu de piste autour de l’Hôpital Général, avec des cadeaux pour les meilleures réponses offerts par des commerçants partenaires : Lynx Optique, La Cave du Monde, Styl-Tonic, Chronolab, Le Furet du Nord ; toutes ces manifestations étant gratuites.
Le CSPV a été contacté par Monsieur Jean-Marie Richez du Cercle Archéologique et Historique afin de consulter les archives de l’architecte Vergnaud qui sont en notre possession. Cette documentation a permis d’enrichir la publication de « La reconstruction de la ville de Valenciennes (1940-1959) ». Une souscription, au montant de 20 €, est en cours jusqu’à la fin novembre 2017. Pour y participer, il suffit de vous adresser au siège du Cercle : Bibliothèque municipale 2 rue Ferrand BP 22 59304 Valenciennes Cedex. Secrétariat 0327299418 cahvalenciennes@gmail.com
Le CSPV a été contacté à plusieurs reprises par l’Université de Valenciennes :
. Un groupe d’étudiants en audiovisuel, dirigé par Marine Lesur, a créé une application sur smartphone, appelée « Val-Enquête ». Nous les avons aidés dans le choix de leur parcours et dans les commentaires. Cette application, téléchargeable gratuitement, a un grand succès .
. Un groupe d’étudiants en audiovisuel qui préparait un documentaire sur « Valenciennes pendant la Guerre 14-18 ». Là aussi nous avons pu leur apporter des informations.
Le CSPV a été contacté par France 3 pour participer au tournage du film « Valenciennes Athènes du Nord » dans la série « Pourquoi chercher plus loin ? »
Le site du Comité : cspv.asso-valenciennes.fr a toujours autant de succès, nous allons bientôt arriver aux
100 000 visiteurs en 5 ans, soit environ 40 000 pour cette dernière année. Cela signifie que de nombreux visiteurs sont intéressés par nos articles, enrichis régulièrement, et par sa documentation originale qui complète celle de la Ville et des autres associations patrimoniales de Valenciennes. Il est cependant possible de faire encore mieux et pour cela nous attendons vos propositions d’articles en passant par le « filtre » du président : a.cybertowicz@wanadoo.fr
Bernard Beaufort
La cotisation d’adhésion au Comité reste à 16 €. (Un reçu fiscal vous sera délivré pour tout versement supérieur ou égal à 16 euros)
L’adresse du Comité est : 6, rue d’Audregnies 59300 Valenciennes
Le président : Alain CYBERTOWICZ 17 rue Emile Zola 59880 Saint Saulve
(0686719002) a.cybertowicz@wanadoo.fr
Le secrétaire : Bernard BEAUFORT
Le trésorier : Christian VACHER 3 avenue d’Amsterdam 59300 Valenciennes