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Le Valenciennois meurtri

Collectif, 1914-1918. Le Valenciennois meurtri, Les Editions Nord Avril, 2014, 261 p., 20 €.

Edité sous l’égide de Valenciennes Métropole, l’ouvrage rassemble une trentaine de collaborateurs unis par l’ambition de rapporter le quotidien des 35 communes de l’agglomération pendant ces années 1914-1918 où l’occupation s’ajouta à la guerre. Le titre choisi, Le Valenciennois meurtri, résume à lui seul les souffrances de ce temps. Celles, partagées avec la nation tout entière, du don à la Patrie de nombre de ses enfants ; celles aussi d’un territoire subissant le joug de l’ennemi de la fin août 1914 à la veille de l’armistice.

La loi de la puissance occupante s’est exercée uniformément sur l’ensemble de ces 35 communes. Chacune d’entre elles pourtant offre suffisamment de traits distinctifs pour être différenciée. Fort logiquement, l’ouvrage présente donc deux parties : la première traitant la généralité des contraintes administratives, économiques et humaines imposées par l’autorité militaire auprès d’une population qui n’en peut mais ; la seconde abordant commune après commune, dans l’ordre alphabétique, le vécu particulier de chacune d’elle. Qu’il s’agisse de médiations municipales, d’attitudes individuelles, du destin des mobilisés…, tout, y compris une illustration appropriée, contribue à faire comprendre combien, au-delà des conséquences matérielles, cette présence ennemie à pu causer de blessures parmi la population.

Cet indéniable intérêt de l’ouvrage fait regretter les maladresses qu’ici ou là on peut déceler. Coquilles et scories d’orthographe ou de syntaxe, au demeurant peu nombreuses, seront délaissées au bénéfice d’une réflexion sur la forme et le fond des propos tenus. La première partie privilégie ainsi un plan chronologique qui amène à introduire certains faits généraux de la guerre dans le détail du sujet traité ; la conclusion est le reflet de ce mélange. Il y eut avantage, peut-être, de traiter début et fin de guerre dans une introduction s’achevant sur les quelque 1350 jours d’occupation qui, pour le Valenciennois, séparent l’une de l’autre : pouvait alors être évoquée, sans risque de confusion, ce que fut cette occupation. La seconde partie manque quant à elle d’une direction d’ouvrage capable d’éliminer les redondances inhérentes à la multiplicité des contributions. Capable aussi de corriger certaines assertions (telle celle qui donne fautivement, p. 94, le 1er avril 1917 -en fait le 23 février 1918, cf. p. 109- pour date de l’exécution de l’instituteur Legrand) ou d’éclairer d’apparent paradoxe (Charles Maillet est gratifié p. 153 de 7 victoires aériennes ; il ne figure pourtant pas dans la liste officielle des as -5 victoire et plus- de la Grande Guerre !). Un index des noms cités eut enfin été le bienvenu en lieu et place d’une inutile liste des souscripteurs : sans cet index, qui peut, par exemple, penser trouver trace d’Henri Legrand à Aubry ?

Tout cela nuit quelque peu à la qualité d’ensemble de l’ouvrage. Il n’en reste pas moins méritoire. En ces temps de commémoration où est souvent rappelé, et c’est heureux, l’âpreté des combats, il est salutaire de rappeler la part payée par ces civils occupés que furent nos aïeux.

Bernard Dangréaux


Date de création : 01/03/2015 17:16
Catégorie : Rubriques - Le CSPV a lu pour vous...
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