En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies pour vous proposer des contenus et services adaptés.
Mentions légales.
 

55-57 rue de Famars

57 rue de Famars

Photos Jean Patrick Leroy

FamarsI55-57_1_2007redim.jpg

FamarsI55-57_3_2007redim.jpg

FamarsI55-57yCallipel_1927Factureredim.jpg

Le 57 rue de Famars.

Texte de Jean Paul BOULENGER


Le numéro 57 de la rue de Famars présente en façade des boiseries « art nouveau », qui fut si fort à la mode de l’extrême fin du XIXème siècle au début de la Grande Guerre : il cessa d’emprunter à l’antiquité ou à la renaissance leur répertoire décoratif, pour demander à la végétation, directement observée avec une rigueur de botaniste, une inspiration complètement renouvelée : les enroulements de lianes, les enchevêtrements de tiges souples se mirent à serpenter sur des surfaces lisses, bien éloignées de la surcharge décorative à la mode au temps de la Monarchie de Juillet et du Second Empire (1) : En jouant ainsi de l’opposition entre une surface unie et la tige végétale qui l’habille, l’« art nouveau » avoue sa dette aux céramistes japonais animant d’un simple rameau, du bourgeon d’une unique fleur le flanc lisse d’un vase.

Certes, l’ « art nouveau » succomba parfois à des excès, qui le firent qualifier de « style nouille » par les tenants de la mode tout opposée des formes carrées et des volumes austères, contemporains de la rigueur géométrique de la peinture cubiste. Au contraire, les lignes de la grand’ porte du 57 rue de Famars restent sobres : la symétrie des deux vantaux et le décor tout en lignes droites, un peu sèches, des panneaux du bas, assurent à l’ensemble un équilibre tout classique, associé cependant à une subtile modulation des deux montants d’encadrement posés sur un socle, dont les moulures simples contrastent aves les volutes végétales qui les surmontent.

Au dessus de cette porte d’un « art nouveau » ainsi modéré, un panneau convexe horizontal sacrifie plus franchement à la nouvelle mode décorative, avec ses lianes capricieusement enroulées et déroulées, mais déployées sur une surface lisse. Quant à la poignée de manœuvre du cordon de sonnette, en forme de heurtoir, et à la plaque de métal d’où elle sort, elles semblent bien la création d’un artisan forgeron qui invente à sa guise son propre vocabulaire décoratif : juxtaposition savoureuse d’un produit d’art populaire et d’une esthétique relevant d’une mode européenne ? (1) Comme en témoigne la profusion d’ornements dans les étages du numéro 46 de la même rue de Famars.


Date de création : 22/01/2014 21:30
Dernière modification : 25/01/2014 14:33
Catégorie : - Façades remarquables
Page lue 10343 fois