2025 NUméro 27

NOTRE PATRIMOINE

BULLETIN DU COMITE DE SAUVEGARDE DU PATRIMOINE VALENCIENNOIS

N°27 Automne 2025

Le mot du président

Qu’allons nous perdre de nouveau ?

Depuis quelques années, le patrimoine valenciennois a perdu de nombreux éléments importants et cette situation risque de se reproduire et nous inquiète beaucoup… ! Citons :

  • Le pont Delsaux et de nombreuses maisons impasse Onésyme Leroy qui auraient pu être sauvés lors des travaux dans ce vieux quartier

  • Des ponts sur l’Escaut intra muros : le pont Sainte Croix, le pont neuf, que l’on espérait revoir pour rappeler le cours du fleuve qui est à l’origine de Valenciennes.

  • La briqueterie Chimot, dernier témoin de la fabrication du matériau de construction emblématique de Valenciennes et précipitamment démolie.

Certes, des éléments importants ont été sauvés ou sont en cours de restauration grâce à des initiatives publiques, privées ou associatives. Citons :

  • L’hôpital général restauré de manière remarquable et devenu, en partie le siège de Valenciennes Métropole et en autre partie l’hôtel Royal Hainaut

  • Le mont de piété, restauré extérieurement. (mais quid de la magnifique cheminée du XVe siècle du premier étage?)

  • L’hôtel de Barneville, témoin remarquable de l’architecture du XVIIIe siècle, racheté par « Harmonia Sacra » pour en faire un lieu de récital et un musée de la musique baroque

  • Les Chartriers, ensemble très bien restauré par le centre hospitalier pour en faire un centre médical.

  • Le musée des Beaux Arts en cours de travaux.

Mais beaucoup d’autres témoins importants de l’histoire de Valenciennes sont en grand danger. Citons :

  • Notre Dame du Saint Cordon fermée depuis 2006.

  • La porcelainerie, qui conserve les derniers témoins d’une activité d’exception et continue de se dégrader

  • La maison du Prévôt (classée MH), la maison scaldienne ancien office du Tourisme (classée MH), la maison (dite) natale de Carpeaux, trois immeubles appartenant à la commune qui pourraient être vendus avec un cahier des charges bien précis permettant une occupation et une valorisation conformes à leurs spécificités.

  • Le béguinage Sainte Elisabeth, complètement oublié, laissé à l’abandon et aux aléas des interventions diverses sans vue d’ensemble.

Pour terminer, n’oublions pas Marguerite Porète, célèbre béguine valenciennoise à la croisée de la religion de la littérature et de l’histoire, connue dans le monde entier grâce aux nombreuses thèses réalisées sur sa vie et son livre « Miroir des Âmes simples ». Elle vient d’avoir une place à son nom à Paris dans le 4ème, à proximité de l’endroit où elle a été brûlée en Place de grève en 1310...mais pratiquement personne ne la connaît à Valenciennes et rien n’est fait pour rappeler une trace de son passage dans le béguinage Sainte Elisabeth…

Qu’allons nous perdre encore ? Le rôle du Comité de Sauvegarde du Patrimoine Valenciennois est, et sera toujours, de faire le maximum pour la sauvegarde et la valorisation du patrimoine de notre belle ville.

Alain CYBERTOWICZ

Les Arts décoratifs ont-ils encore une place à Valenciennes ?


 

Signe des temps, l’école supérieure d’art et de design a définitivement fermé ses portes. Cette école était l’héritière de l’académie de peinture et sculpture fondée en 1785 par Alexandre Pujol de Mortry prévôt de Valenciennes, dessinateur et graveur de talent.

Exit l’apprentissage des arts appliqués aux techniques contemporaines.

Sans qu’il y ait de rapport direct, notre ville perd régulièrement et en silence des éléments marquants de son patrimoine. Quelques exemples récents.

Rue du Grand Fossart : dans un immeuble du XVIIe siècle, une chambre du premier étage était entièrement lambrissée de chêne, du sol au plafond, avec portes, placards, cheminée, trumeau peint, miroirs. Les boiseries de grande qualité revêtaient les caractéristiques valenciennoises du XVIII ème siècle : corniches moulurées en gradins, grosses fiches en laiton, fleurettes sculptées en coins de panneaux. Même les deux portes y donnant accès étaient intégrées : une fois fermées, elles se confondaient avec les panneaux. Ce décor était intact et avait miraculeusement traversé les siècles… jusqu’à ce que son propriétaire décide de les démonter et de les vendre. Faites sur mesure pour une pièce aux dimensions particulières ( hauteur, largeur, disposition des fenêtres, des portes et de la cheminée) ces boiseries, même réinstallées avec soin, auront perdu une grande part de leur intérêt… sans compter le vide laissé dans cette demeure historique de Valenciennes.

Rue du Quesnoy : visible depuis le trottoir, ce décor de boutique du milieu du XIXe siècle était tout à fait unique. La pièce, à l’origine rectangulaire, avait été aménagée de manière à la rendre octogonale. Le bois et le plâtre se mariaient pour créer niches, colonnes, étagères, frontons, rinceaux, mascarons ; figures humaines et animales ornaient les murs et plafonds.

Cette petite boutique était une véritable bonbonnière… jusqu’à ce qu’un investisseur décide de tout casser pour gagner de l’espace. La pièce est redevenue rectangulaire, sans aucun décor, sans âme.


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Dessins réalisés par IA (Tom Vansoen)

Rue de Paris : lui aussi visible de l’extérieur pendant des années, ce parquet marqueté de toute beauté réjouissait l’œil du passant attentif et du client accédant à ce magasin de luminaires devenu restaurant.

Datant de la première moitié du XIXe siècle, sa qualité était exceptionnelle. Plusieurs essences de bois dessinaient frises, étoiles, guirlandes. Début 2025, à la faveur d’un réaménagement du restaurant, ce parquet a disparu.

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Dessins réalisés par IA (Tom Vansoen)

Rue Henri Lemaire : ancien hôtel particulier du XVIIIe siècle, inventorié à la ZPPAUP comme à préserver en intérieur et en extérieur. Deux rampes d’escalier en bois sculpté dont le célèbre petit lapin (sa photo est parue à plusieurs reprises dans la presse locale et dans l’inventaire des rampes d’escalier de Valenciennes publié par la commission historique du Nord) qui ornait le départ de la main courante. La rambarde d’escalier était en bois sculpté imitant le fer forgé. Ces deux chefs-d’œuvre de menuiserie ont été remplacés en juillet 2025 par deux poteaux.

Que dire ? Ces faits divers se sont produits récemment (il y a moins de 10 ans) traduisant un total désintérêt pour le patrimoine, une inculture marquée, une propension à la facilité de la part des propriétaires.

La tendance est inquiétante car la disparition irréversible d’éléments remarquables de notre patrimoine tend à s’accélérer et s’effectue à bas bruit. Pour les quatre exemples révélés, combien restent inconnus ?

L’art appliqué a-t-il encore une place dans les rues et maisons de Valenciennes ?

Jérôme GUILLEMINOT

Le mot du secrétaire

Notre nombre d’adhérents continue d’être élevé, ce qui prouve que notre action porte ses fruits.

L’an dernier nous étions 117 pour 5 258 € de cotisations. Ce nombre devrait encore augmenter cette année avec la vingtaine de nouvelles adhésions récentes.

Nous avons perdu cette année deux membres fidèles : Jean Louis Labur, décédé le 7 novembre 2024, qui a participé activement et bénévolement à la restauration du 94 rue de Paris et Gérard Basuaux, décédé le 23 décembre 2024, qui possédait de nombreuses collections de timbres, de buvards, et d’objets liés à l’absinthe qu’il présentait régulièrement lors des journées du patrimoine.

La façade du 92 rue de Paris, voisine de notre siège, a été sécurisée. Des expertises ont été réalisées par des huissiers, pour le Comité mais aussi pour le propriétaire du lieu qui envisage une restauration ou une démolition. Le Comité demande une restauration à l’identique car la façade est inventoriée à la ZPPAUP comme à préserver en extérieur. La décision risque de tarder car, quelques soient les travaux, ils seront coûteux...Pour l’instant il n’y a aucun dégât ni aucun signe d’inquiétude pour notre maison, mais le risque est quand même évident quand on observe attentivement le lien qui existe entre les façades des 90, 92 et 94 rue de Paris…

La briqueterie Chimot a totalement disparu, malgré tous nos efforts pour la sauver : manifestation largement suivie, trois passages à la télévision régionale. Monsieur le Maire a dit en conseil communautaire : « Ce n’est pas au Comité de Sauvegarde de dicter les choix de Valenciennes Métropole ». Le chantier dura trois mois, pour effacer cent vingt ans de tradition et détruire un site labellisé « entreprise du patrimoine vivant », le coût de l’acquisition de la briqueterie et de la démolition auraient permis la restauration d’éléments du patrimoine en danger...Il n’y a donc plus un seul témoin de la fabrication des briques dans le valenciennois...Le nom de « La Briquette » a perdu tout son sens…

Le Béguinage Sainte Élisabeth de Valenciennes et Marguerite Porète ont été mis en valeur par l’espace Pasolini : des interventions remarquables de Audrey Coudeville maîtresse de conférences en littérature française, Sylvain Piron directeur des Hautes études en sciences sociales et le frère dominicain Remy Valero historien de l’art, dans le but de mieux connaître Marguerite Porète béguine valenciennoise à la croisée de la littérature, de la religion et de l’histoire ; mais aussi des visites du béguinage de Valenciennes et de celui de Courtrai classé à l’UNESCO.

De nombreux jeunes adhèrent au Comité et désirent même intégrer le Bureau : Reynald Pluchart, professeur de français et d’histoire au lycée du Hainaut, Cassandre Boulay (Master juridique), Leslie Taillez et Tom Vansoen (Master 2 Patrimoine et Ressources Territoriales). Ces deux derniers ont réalisé leur stage en mai et juin 2025 pour le Comité, avec 200 heures au 94 rue de Paris, où ils ont effectué un travail remarquable de création de documents pour la valorisation du siège, et aussi dans le dépouillement des archives de l’architecte Jean Vergnaud dont le résultat est consultable sur notre site cspv.asso-valenciennes.fr. La consultation sur place peut se faire sur rendez-vous.

Les Journées du Patrimoine ont été un grand succès pour notre association, comme les années précédentes. La foule se pressait devant l’Hôtel de Carondelet, de nombreux visiteurs à l’écluse des Repenties, six visites qui ont fait le plein en respectant les normes de sécurité au 94 rue de Paris pour voir l’évolution des travaux d’aménagement et Grégory en action dans le rejointoiement. Ces journées ont permis une vingtaine de nouveaux adhérents au Comité, ce qui est un record sur deux jours..Avec à nouveau de nombreux jeunes dont deux architectes très intéressés par nos actions de sauvegarde.

Toujours pas d’information sur le devenir de la basilique, de la maison du Prévôt, de la maison « natale » de Carpeaux, de la porcelainerie ni sur la Maison Espagnole, ancien office du Tourisme récemment mis en vente ...

Le secrétaire Bernard Beaufort

La cotisation d’adhésion au Comité reste à 16 € mais vous pouvez verser davantage !

(Un reçu fiscal vous sera délivré, il vous permettra une réduction d’impôts)

L’adresse du Comité est : 94 rue de Paris 59300 Valenciennes

Le président : Alain CYBERTOWICZ 17 rue Émile Zola 59880 Saint Saulve

(06 86 71 90 02) a.cybertowicz@wanadoo.fr

Le secrétaire : Bernard BEAUFORT Le secrétaire adjoint : Jean-Jacques Fleury

Le trésorier : Christian VACHER 3 avenue d’Amsterdam 59300 Valenciennes

Le trésorier adjoint : Jean-Christophe Coiffier


Date de création : 09/10/2025 15:24
Catégorie : - BULLETINS
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